jeudi 5 septembre 2013

Atarashi furo 新しフロ

Un premier avion m'amène rapidement jusqu'à Shanghai. Ça me rappelle des souvenirs en demi teinte !! Voir compte rendu de Shanghai.
Très vite, j'embarque dans un autre avion direction Paris. Surtout, ne pas dormir. Résister au décalage horaire. J'ai l'avantage d'être dans un gros porteur, et mon siège est équipé d'un écran vidéo avec des tonnes de nouveautés hollywoodiennes. Je les enchaîne jusqu'à ce que l'avion se pose.
Les yeux explosés par l'écran et la fatigue, je marche comme un zombie dans les coursives de l'aéroport. Tout est à nouveau en français. Je prends la file ressortissant européen. Celle où les douaniers font semblant de vérifier les passeports. Ça test, je suis finalement de retour au pays.
Tout va bien, je récupère mes bagages. Mais le choc culturel finit par me rattraper dans le RER (le train parisien). Je m'assois, regarde autour de moi et les larmes de mettent à couler lentement sur mon visage. J'observe ces gens, ce métissage, toutes ces couleurs de peau. On dirait que le monde a envoyé un émissaire de chaque ethnie pour me souhaiter la bienvenue. Tant de diversité me touche, moi qui n'a été entouré que d'asiatiques pendant un an !
Je profite de cette beauté culturelle jusqu'à la gare de Lyon, où je sors pour prendre l'air, en attendant mon tgv. À peine ai-je le temps de sortir mon Kindle, qu'un homme me saute dessus. Voyageur comme moi, il me raconte ses aventures américaines. Il revient d'un désert, où il a fait son 5 ème "burning man". Une fête alternative et incroyable qu'il me conseille fortement d'essayer.
La discussion suit son cours et fait avancer le temps de 3 heures, heure de mon départ.
Je rentre dans la gare, trouve mon quai, puis la rame et m'installe à ma place. Une fois bien assis, un vieux monsieur vient me chercher querelle pour avoir ma place car côté fenêtre. S'il avait demandé poliment, je lui aurais sûrement laissé volontiers, mais là, je campe sur mes positions. Pas très longtemps, car je lui propose à présent la place tant convoitée. Trop tard, il ne la veut plus. Ce qui ne l'empêche pas de commence à discuter gaiement. Tant et si bien qu'on passe tout le trajet à bavarder. Cela ne m'était pas arrivé plus de 3 fois, en 4 ans de voyage bi-hebdomadaire !
La coïncidence ne s'arrête pas là. Arrivé en gare de Nîmes, je sors et vais dans une supérette pour m'acheter quelque chose à boire. Le videur m'interpelle et commence à me parler basketball. En plein boulot. Durant une bonne demi heure. Étrange !
Et ça continue. Alors que j'attends patiemment mon bus, une autre personne me rejoint, se pose à côté de moi et entame la conversation. Un peu bizarre, il va même jusqu'à m'embrasser la main et me dire que je brille. Quoi ?! Vraiment ?!
Mais qu'est ce qu'il m'arrive ???
Le nouveau Flo.

mercredi 4 septembre 2013

Shuppatsu 出発

Ce matin, en me levant, j'ai du mal à croire que ça y'est : c'est déjà la fin !! Mon dernier jour ici, au Japon. Le moment pour moi de dire au revoir à ce pays qui m'a si gentiment adopté pendant toute une année durant. Dur dur. Dernier repli de tente, dernier rangement de sac, dernière toilette à l'eau froide... Le rêve se termine. Retour à la réalité.
Mon avion n'est que dans quelques heures, mais je suis à un peu plus de 15km de l'aéroport. Alors j'entame une longue mais lente marche, pendant laquelle je semble dire un peu plus adieu à chaque pas que je pose. La mélancolie commence à m'envahir. Mais bizarrement, c'est cet instant là que choisit le soleil pour réapparaître. Telle une mauvaise blague, le déluge s'arrête le moment précis où je m'en vais. Et moi qui espérais que peut-être mon avion ne pourrait pas décoller dans de telles conditions... Ironie du sort.
Chemin faisant, je m'arrête ça et là dans des boutiques le long de la route, histoire de ramener quelques cadeaux à mes proches. Puis je repars de plus belle, sans trop vraiment savoir où je vais. Pas de carte, pas de GPS. Une seule solution, je demande ma route, à l'ancienne. Puis quand je vois des avions décoller, je me dirige dans la direction d'où ils arrivent. Facile. Surtout au fur et à mesure que je me rapproche de mon but.
Et puis finalement, après un peu plus de 3 heures de promenade, m'y voici. Je fais enfin face à ce grand bâtiment de béton et de verre tant redouté, symbole de mon retour, de mon départ. Je n'ai que moyennement envie d'y entrer dedans. J'hésite encore une dernière fois, mais ai-je vraiment le choix ?
Pour l'instant, non ! Mais s'il y'a un truc que je peux vous dire avec certitude, c'est que pafu-pafu n'a pas dit son dernier mot !!
Départ.

mardi 3 septembre 2013

Tenguy 天外

Depuis mon arrivée à Fukuoka 福岡, je n'ai pas bougé d'un poil. C'est donc sans mal que Makoto me retrouve, en pleine lecture, planqué que je suis sous mon abri, protection indispensable contre la tempête qui fait toujours rage ici. 
Il vient me voir, une canette de café à la main. Non pas pour discuter comme la veille, mais pour m'inviter quelque part. Curieux de savoir où il souhaite m'emmener, je le suis.
Une fois en voiture, nous roulons jusqu'au centre ville de Fukuoka. Là, il me fait pénétrer dans un immeuble. Au deuxième étage, nous entrons dans une immense salle. A l'intérieur, des bureaux en open space avec des macs et des affiches de partout. C'est son lieu de travail. J'y retrouve toute la fine équipe avec qui j'ai voyagé il y a deux jours. Moins les enfants bien sûr.
L'homme présent sur toutes les affiches, c'est Tenguy 天外 (site internet ici). C'est le frère de Makoto. Il est polymath. Il excèle dans la musique, la science, la politique, la philosophie, l'écriture. L'équipe de Makoto est donc en charge de le promouvoir au travers du Japon ainsi que d'organiser des conférences. C'est la raison pour laquelle ils voyageaient jusqu'à Nagoya 名古屋, me prenant au retour de leur périple.
Passionnés, ils me montrent quelques vidéos et flyers sur lesquels je peux voir Tenguy en action ou lors d'oeuvres de charité pour le tiers monde. Ils vont même jusqu'à m'expliquer quelques tuyaux très intéressants que Tenguy enseigne sur l'énergie du corps humain. La démonstration est bluffante.
Après quoi, Makoto prend sur son temps professionnel pour me faire visiter un des fameux temples de Fukuoka : Hakozakijingu 筥崎宮. Bien que déjà vu lors de ma première marche dans Fukuoka quelques mois plus tôt, impossible de ne pas rester abasourdi devant cette gigantesque porte (Torii 鳥居), dont l'immense allée la traversant va du temple jusqu'à la mer, quelques kilomètres plus loin (voir plan ici).
Le temple en lui-même est assez traditionnel avec comme particularité quelques tambours japonais du plus bel effet.
Makoto me propose ensuite de rejoindre Kasumi, sa collègue, à qui il me confie, le temps pour lui de retourner à ses occupations. Pendant ce temps, Kasumi et moi allons dans un centre commercial. Alors que je cherche un souvenir pour ma maman, Kasumi me propose gentiment de choisir un cadeau qu'elle souhaite m'offrir. Je suis hyper touché.
Sans hésitation, je fonce dans le magasin de livre. Je sais déjà ce que je veux : une bande dessinée sur la survie, dans laquelle les personnages, placés dans des situations catastrophiques, donnent des conseils pratiques pour s'en sortir (voir le livre ici). C'est de part son côté amusant, et son niveau intermédiaire de japonais, mon livre préféré ! 
... après le petit chaperon rouge, bien entendu ;-)

lundi 2 septembre 2013

Taifū 台風

Hier soir, la faim m'a fait sortir de ma tanière. Courageusement, j'ai marché au hasard dans les rues de la ville à la recherche du trésor de la ville : le restaurant de Suusan !
Celui qui pour même pas 5 euros propose de délicieux soba et un buffet à volonté digne de ce nom. Je ne lui ferai jamais assez de pub !!
D'où j'étais, j'aurais pu pousser la balade jusque chez Sumire. Mais la dernière fois qu'on s'était parlé, il y avait eu du gaz dans l'air. Et je n'étais pas encore prêt à passer l'éponge. Alors je suis reparti à mon abri, dans ce terrain de tête battue adossé à une triste tour d'immeuble. J'ai attendu la nuit pour m'installer sous un abri à vélo. À peine couché que deux amoureux sont venus flirter près de moi. Il y à quelques mois, j'aurais été super gêné, mais hier soir, ça ne m'a nullement empêché de dormir.
Aujourd'hui, comme hier, et comme les jours précédents, je lis. Levant de temps à autre les yeux pour voir l'eau qui peine à s'enfoncer dans le sol trop gorgé. Les quelques flaques sont devenues des vastes étendues couvrant la quasi totalité de la surface disponible. Je n'ai jamais vu autant d'eau tomber pendant un si long laps de temps. C'est ça un typhon !
Dans l'après midi, je reçois la visite de Makoto, mon chauffeur d'hier. Deux canettes de café à la main, il m'en tend une et bois l'autre avec moi. On passe un moment à discuter. Mais il m'explique qu'il doit retourner au travail. Car même s'il est le patron de sa boîte, ça ne se fait pas de s'enfuir aussi longtemps. Surtout au Japon où le travail est roi.
Peu de temps après, il est remplacé par un vieux monsieur qui me voyant seul vient me faire la conversation. Canette de café à la main, il me l'offre. Décidément, ils ont peur que je m'assoupisse alors qu'ils me parlent ?!
Moi qui n'en bois jamais, j'ai ma dose pour la semaine !
En partant, le brave homme a même la bonté de m'offrir une autre canette. De coca cola cette fois. C'en est trop pour moi. Je la laisse dans le distributeur. J'imagine que ça fera un heureux.
Près de mon abri, il y a des toilettes. En observant bien, j'y trouve des prises électriques bienvenues. Sans hésiter, j'en profite pour recharger mes appareils électroniques. Jusqu'à temps qu'un vieil ahuri vienne m'importuner, me menaçant de me dénoncer si je n'arrêtais pas de vampiriser l'énergie publique.
Je m'exécute. Il semble ravi. Ne se doutant pas que j'habite ici et que je viendrais me rebrancher quand il sera rentré chez lui.
D'ailleurs, la nuit tombe,  c'est l'heure pour mon rendez-vous quotidien chez Suusan. Par ici la bonne soupe ... de nouilles !
Typhon.

dimanche 1 septembre 2013

Mo yamenasai ame ga もう止めなさい雨が

La pluie semble tomber du tonneau des Danaïdes. Le célèbre supplice des enfers consistant à remplir indéfiniment un tonneau troué de toutes parts.
Où que je regarde dans le ciel, il n'y à que des nuages. Un épais manteau gris semble totalement couvrir le ciel. Et j'ai bien l'impression que ce n'est pas prêt de changer.
Je m'en vais dans moins de 3 jours et il me reste encore 500km à parcourir. À ce rythme là, je vais rater mon avion. Vraiment.
Alors bien décidé, je tente le tout pour le tout et me lance sous la pluie battante. Même pas encore arrivé à l'endroit où je compte faire du stop que déjà je suis mouillé jusqu'aux os. Mon pauvre parapluie usé n'a rien pu pour moi cette fois-ci !
Pour ne rien arranger à l'affaire, la visibilité est quasi nulle.
Je sors mon panneau, fébrile, tout en me disant que ma tentative a tout de futile. C'est sans compter mon incroyable chance. En effet, la première voiture qui passe s'arrête déjà à ma hauteur. Dans son monospace, le chauffeur du véhicule m'invite  à monter à bord en vitesse. Je ne me fais pas prier.
À l'intérieur, je suis soulagé, je suis au sec. Tous les sièges sont pleins de personnes de tous âges et de tous sexes. Je suis accueilli à bras ouverts.
Le chauffeur m'explique qu'il n'a pas vu ma pancarte mais s'est arrêté seulement pour ne pas le laisser sous l'averse. Cette gentillesse toute japonaise qui n'en finira jamais de m'étonner.
Même si ce n'est que pour quelques dizaines de kilomètres, c'est toujours ça de gagné.
Je commence donc par faire connaissance et leur demande où ils se dirigent. Lorsqu'ils m'indiquent Fukuoka, j'ai du mal à en croire mes oreilles. Cela semble irréel. D'autant plus qu'ils acceptent qu'on fasse ensemble le chemin jusque là-bas ! !
Mes sauveurs du jour de prénomment Makoto, Kyoichi, Kasumi. Ils poussent la sympathie en m'offrant une glace lorsqu'on s'arrête sur l'aire d'autoroute. Après quoi, la route défile. Dehors, la pluie se déchaîne. Je lui fais un pied de nez de derrière la vitre. Toute l'après midi par en un éclair : on discute et je ne vois pas le temps passé.
Alors très vite, on passe dans le fameux tunnel dont l'entrée est en bouche de baleine. Passant sous la mer, il relie l'île principale d'Honshu à Kyushu. On se rapproche du but. S'ensuit l'immense ville de Kitakyushu. Puis enfin, la tant espérée Fukuoka !
Une fois en ville, notre chauffeur dépose la plupart des familles avant de me laisser dans un parc que je leur indique sur leur gps. Je le remercie chaleureusement avant de le voir s'éloigner. L'espace d'un instant, j'ai du mal à réaliser ce retournement de situation inespéré !
Seul, sous la pluie, je trouve très vite un abri. J'y installe mes sacs, sors ma liseuse électronique et reprend ma lecture. J'irai explorer les alentours à la prochaine accalmie ...
Bon, ça suffit la pluie !
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