lundi 30 novembre 2015

Shurijo 首里城

De bon matin, j'ai grandement remercié les hôtes de ce cimetière pour leur hospitalité, puis en bon pèlerin, je suis parti, passant devant les tombes, la tour et la flamme éternelle, comme pour leur faire un dernier au revoir. De là, j'ai marché,marché, marché, sacs sur le dos, cette longue route jusqu'au château d'Okinawa.

Dans le parc de ce dernier, je me suis reposé quelques minutes, buvant et étirant mes muscles meurtris par manque d'habitude. Après quoi, j'ai marché le long des remparts. Ce faisant, on atteint une porte gigantesque tout de bois massif qui invite le touriste à entrer. Les marches de succèdent, ainsi que les portes, jusqu'à atteindre l'enceinte du château lui même.

Ce bâtiment perché sur sa butte date du 15ème siècle. À la fin de la royauté, le roi a été chassé du trône et le bâtiment a servi de caserne militaire. Il a été totalement rasé en 1945 lors de la seconde guerre mondiale. Enfin, il a été reconstruit à partir de 1972, puis petit à petit depuis lors. D'ailleurs, lors de mon passage, la rénovation n'était pas encore terminée.

Le hic, c'est que le château est minuscule, comparé par exemple à celui de Nagoya ou de Kumamoto, qui à eux seuls justifient amplement les 500¥ à leur consacrer pour y pénétrer. Alors quand il est demandé 610¥ pour une visite que je considère dérisoire, je préfère passer mon tour. D'autant que l'extérieur est visitable gratuitement, avec accès aux jardins à la végétation luxuriante et exotique, ainsi qu'à la vue panoramique du haut des remparts. De plus, cette charmante promenade fait passer si près de l'intérieur du château qu'il est possible de jeter un coup d'oeil à celui-ci sans bourse déliée.

À la fin de ma visite, j'ai redescendu la pente précédemment gravie jusqu'à la mer afin de découvrir la seule plage de la ville de Naha. Malgré un charme certain, une partie passe sous un pont qui soutient une voie expresse, tandis que l'autre n'offre même pas de plage de sable. Déçu, je décide de m'en aller jusqu'à la ville d'Itoman afin de retrouver une de ces plages de rêve pour prendre un dernier bain.
Vu la distance à parcourir, celui-ci sera forcément de nuit.

Et effectivement, alors que je regarde le coucher de soleil depuis un pont, il me reste encore 10 bons kilomètres avant d'atteindre mon but. La nuit est déjà tombée depuis un moment lorsque j'arrive à mon but, les jambes épuisées mais le coeur ravi. Comme des enfants jouent encore sur la plage avec leur lampes torches, ce sera baignade en caleçon. Mais je ne reste pas longtemps car même si l'eau est chaude, l'extérieur est frais de ce vent qui souffle à plein poumons.
Voilà comment j'ai passé ma dernière journée à Okinawa. 

Le château de Shuri.

Heiwakinen kouen 平和祈念公園

L'espace d'une matinée, l'automne a semblé reprendre ses droits. Le ciel bleu et le soleil n'étaient pas seulement les seuls de retour. Les moustiques aussi, tels une de sept plaies d'Égypte, semblaient sortir d'hibernation comme s'ils avaient été soudainement ressuscités. Sans parler d'eux plus longuement, car vous en conviendrez, ce n'est pas le sujet qui nous intéresse le plus, je tenais néanmoins à vous mettre en garde contre eux. Ces moustiques tigres à dents de sabre sont petits, vicieux, et ils attaquent en silence. Diable qu'ils font de dégâts sur ma tendre peau douce et satinée.

Mais revenons en vite à cette éclaircie et à cet élan de joie qui me saisit lorsque je la vus reparaître au loin. Sans réfléchir, je venais de former une résolution. Il était temps pour moi de marcher au devant de l'inconnu. Certes je n'aurai pas le temps de faire le tour de l'île à pied, et c'est un faible dédommagement par rapport au plan initial, mais c'est toujours ça de pris. Je vais visiter le sud d'Okinawa, en parcourant une boucle qui me ramènera jusqu'à l'aéroport, et me fera passer par le château, le vrai cette fois, de Naha.

Alors ferme dans ma décision, je quitte mon château imaginaire en début d'après midi, le coeur serré et la larme au coin de l'oeil, prête à tomber au moindre coup de vent. On sait ce qu'on quitte mais on sait pas ce qu'on va trouver dit l'adage. Et je savais d'avance que mieux que mon château, ce n'était pas possible. J'espérais juste que ce ne soit pas trop terrible quand même. Ne serait-ce que pour me réhabituer doucement à l'aventure.

Au bout de quelques heures de marche, je suis arrivé à l'étape du jour. Le parc Heiwakinen, ce bout de terre le long de la mer, tombeau des âmes perdues lors de la bataille d'Okinawa, durant la seconde guerre mondiale. Un lieu aussi joli que mélancolique, où malgré mes efforts pour paraître joyeux, je reste touché par tant d'émotions qui se dégagent d'un tel endroit. Ici, tout est propice au recueillement et paraît morne et triste. Le parc abrite quelques 44 hectares de diverses mausolées et autres monuments commémoratifs. Il y'a aussi un musée, une Mecque à la paix et une flamme éternelle, comme celles qui brûlent à Hiroshima et Nagasaki. "Pourvu que la guerre ne soit plus" semblent dire toutes ces constructions. Je partage humblement cet avis.

C'est donc ici que j'élirai domicile pour ce soir. À l'écart bien sûr pour ne pas déranger le repos éternel des corps et cendres reposant ici. À la nuit tombée, je vais faire une balade dans la partie sud du parc, qui par un escalier creusé à même la falaise, entre deux énormes blocs de pierre, mène jusqu'à la mer avant de remonter dans une autre partie du parc. Un paysage déjà fantastique de nuit et qui promet d'être encore plus sublime de jour. Une fois remonté par un autre chemin, depuis lequel je peux admirer la ville illuminée de ces innombrables petites ampoules, j'envisage moi aussi d'aller me reposer.

À peine mon sac de couchage sorti, voici que comme une malédiction qui semble me poursuive jusque dans cet endroit, je vois des phares au loin qui s'approchent. À n'en pas douter, c'est le gardien qui fait sa ronde. Misère ! Je m'accroupis et me fais le plus petit possible dans un coin, jetant de temps à autre un regard timide par dessus le parapet derrière lequel je me cache. Pas de chance, le malheureux se rapproche, comme s'il eut senti ma présence. Il vient si près que mon coeur s'emballe et j'hésite presque à me relever, sûr qu'à si faible distance, il ne peut que me découvrir. Ce qui n'arrive finalement pas.

Cependant, il me laisse avec un doute. Va-t-il repasser un peu plus tard ? Je ne tente pas le risque et m'enfuis vers un refuge plus inaccessible. Mais le problème de cette nouvelle cabane, c'est qu'elle est en hauteur. Le vent y souffle pareil à une tornade et la pluie tombe sur moi en rafale alors même que je suis protégé par un toit. Une fois trempé, je n'y tiens plus et décide de retourner à ma première idée. Il y'a certes toujours le vent et la pluie, mais rien de comparable. Et puis j'imagine mal le gardien venir par de telles intempéries. Ainsi je m'endors, maudissant d'avoir quitté mon confortable château. J'envisage même d'y retourner si le temps du lendemain m'est aussi peu favorable.

Le parc Heiwakinen.

vendredi 27 novembre 2015

Homuresu ホームレス

Ne pas avoir de maison, comme je l'ai si fièrement choisi, n'a pas forcément que des avantages comme je vais tenter de vous le prouver. Je lisais, il y'a peu de temps, l'ouvrage qu'a écrit Alexandre Dumas sur le non moins célèbre Robin des Bois, et de mémoire d'homme, jamais il ne compta de difficultés en ce qui concerne la vie dans les bois. Suivez donc la description un peu moins bucolique que je vais pouvoir vous en faire, si vous voulez un peu plus de réalité.

Car en l'absence de véritable demeure, le pauvre pèlerin se trouve indiscutablement à la merci du climat. Il a beau être dans une charmante île subtropicale, comme on peut si bien se l'imaginer en rêve ou sur les posters d'agence de voyage, je tiens moi-même à vous rassurer afin que vous ne vous y mépreniez pas : il ne fait pas toujours un ciel bleu accompagné d'un immense soleil doré. La preuve, voilà trois jours que la gracieuse voûte céleste s'est affublée de son épais manteau de nuages gris afin d'annoncer la fin de l'automne.

Pas question alors de se réfugier au chaud devant un bon film, tout en sirotant une excellente infusion de thé vert de Shizuoka. Il n'y avait déjà pas tout se confort à l'époque dans les bois, je tiens à vous rassurer, il n'y est toujours pas plus aujourd'hui. La nature exige que le corps se renforce et apprenne à résister au froid. Qu'à cela ne tienne. Ce n'est pas une grande peine bien au contraire, car quand bien même je pourrais m'enfermer, c'est là que je souffrirai d'avoir parcouru la moitié de la terre pour me retrouver dans pareille condition qu'à mon point de départ. Cependant, heureusement quand même pour le sommeil, le XXème siècle a conçu les sacs de couchage en duvet qui autorise à passer de longues nuits bien au chaud.

Quant à la nourriture, c'est tout un autre challenge, mais des plus agréables. La chasse, à proprement parler bien sûr, se fait à une importante distance du repère. Ainsi, pour chaque repas, 15 kilomètres sont nécessaires à parcourir ! Alors là aussi, l'aventurier s'adapte et plutôt bien d'ailleurs. Tous les deux jours, le plus merveilleux des festins est consommé, et dont les quelques restes servent de goûter le lendemain. Non pas que le trajet ne soit effectuable trois fois par jours, comme le conseille la diététique moderne, ou bien simplement qu'il soit possible de rester sur place. Juste que la perte de 9 heures dans une journée, sans parler de la lassitude de la route, sont un trop grand sacrifice pour un estomac qui se réhabitue très facilement à des conditions qu'il a connu pendant des milliers d'années jusqu'à récemment.

Toute une autre vie en perspective. Qui en rebuterait plus d'un j'imagine. C'est le choix d'avoir une vie de maître et un confort d'esclave. À défaut de l'inverse.

Sans domicile fixe.

Iku ka ikanai ga wakaranai 行くか行かないが分からない

Depuis la plus haute tour de mon parc, entourant le charmant domaine que je me suis approprié, regardant l'inévitable coucher de soleil flamboyant au loin, une question grave me turlupine. Pourquoi suis-je là ?

Je ne parle bien entendu pas de ma mission sur cette terre et plus particulièrement dans la vie qu'il m'est agréablement donné de vivre. Non, je parle de ma présence sur cette petite île magnifique. Dois-je en faire le tour en stop, ou savourer chaque moment de mes journées à lire, marcher, manger, nager, contempler, dans cet endroit paradisiaque ?

Trop souvent, je me suis pris à mon propre piège de vouloir toujours plus d'aventure, de sensations fortes et même de galères. Et trop souvent encore, je m'en suis mordu les doigts, quitte à faire demi tour et abandonner mes projets.
Le but du stop est multiple : celui de rencontrer des locaux, de partager des moments avec ces gens et de me rendre d'un point à un autre.

Mais dans mon cas présent, je n'ai besoin d'aucune de ces choses. J'ai déjà tout ce dont j'ai besoin et envie. Et même plus. J'habite un immense jardin merveilleux avec vue sur l'océan et au sein duquel je peux me balader librement et dormir où bon me semble, à l'abri des éléments et au chaud. Je me sens le suzerain d'un terrain que des valets entretiennent à ma guise. Je peux enfin redorer mon nom à  particule.

Quant aux rencontres, j'en ai fait quelques unes sans avoir à lever le pouce. Pas plus tard qu'aujourd'hui, j'ai croisé deux dames en pleine force de l'âge, et avec qui nous avons fait la conversation autour d'une bonne tasse de thé vert de Shizuoka et de délicieux sembe (biscuits secs salés). Que demander de plus ? Je suis déjà au comble du bonheur ici. Alors pourquoi aller chercher ailleurs ?
Si je dois aller voyager, un signe m'en avertira. Mais ce n'est surtout pas à moi de forcer les choses.
Dilemme résolu !

Aller ou ne pas aller, je n'en sais rien

Kyan misaki 喜屋武岬

Cependant, dès le matin même, le vent exagéré n'arrive pas à chasser les nuages excessifs qui se sont affreusement emparés du ciel. Le soleil doit briller, certes, mais gêné qu'il est par cette informe masse grisonnante, son message chaleureux ne parvient pas jusqu'ici bas. Même les habitants d'Okinawa ont semblé le remarquer, car dehors, excepté par obligation, il n'y a pas âme qui vive. Les plages et les parcs sont déserts, les gens se cachent du méchant climat qui annonce décidément l'hiver plus tôt que prévu.

Je suis donc bien esseulé sur cette longue route qui m'amène de mon royaume, situé dans la pointe sud de l'île, jusqu'à la plage un peu plus au nord ouest. De là, je mange un succinct déjeuner, quoique rendu particulièrement désagréable par les rafales glacées. Le mistral d'Okinawa n'a décidément rien à se reprocher face à son pendant occidental. J'en profite donc pour mettre les voiles et m'en retourner à ma demeure, lorsque pris d'une folie insensée, je me décide à faire un détour. Le cap Kyan m'a depuis trop longtemps fait de l'oeil pour que je me permette de l'ignorer un instant de plus.

En effet, impossible de résister au même appel que m'avait fait le cap Soya, sur l'île d'Hokkaido, c'est à dire de pouvoir admirer l'océan du point le plus extrême du Japon. Ayant donc fait le nord quelques mois plus tôt, il me faut sans plus tarder m'employer à découvrir le sud. Je ne l'ai déjà que trop fait attendre.  Une route pittoresque m'amène d'abord jusqu'aux ruines d'un château au bord de la falaise. En en faisant le tour, je me mets à redouter que le mien aussi subira pareil sort, une fois que mon règne sur Okinawa sera terminé. À ces pensées lugubres, je le quitte donc prestement, et prend le chemin de Saint Jacques menant le plus directement au phare, emblème symbolique du cap.

Une fois sur place, je reste un bon moment ému par tant de prestance de la part d'un océan qui se dit infini, juste parce que mon regard n'est pas assez puissant pour voir plus loin que l'horizon ne me le permet. Doux paysage, charmant plaisir. À n'en pas se lasser. Si ce n'est par le froid qui avec la tombée du jour redouble. J'emprunte donc de nouveau les chemins de terre caillouteux qui me ramènent plus vite chez moi que la route en goudron ne l'aurait pu faire.
Enfin au chaud et après tant de distance parcourue, le sommeil de plomb m'attend de pied ferme.

Cap Kyan.

Ryuukyuu gurasu mura 琉球ガラス村

De bon matin, c'est à dire que le soleil n'a pas encore pointé le bout de son nez, je reçois une visite inattendue alors que je suis encore dans mon lit. C'est messire mon ami le gardien qui vient s'assurer que je n'ai pas froid et surtout que je n'ai pas été mordu par un des serpents venimeux qui hante les bois alentours. Il aurait très bien pu me prier de quitter les lieux sur le champ, mais ça n'est pas venu à l'esprit d'un aussi bon vieil homme.

Je lui souhaite bien le bonjour et le remercie d'une telle prévenance à mon égard. J'en profite pour lui demander à propos de ma tablette disparue la veille. Il m'amène alors chez lui pour la récupérer et m'explique pourquoi il l'a retirée de sa prise : pour la protéger, n'ayant vu personne à la fermeture du parc.
Le remerciant de sa gentillesse, je fais un brin de conversation avec lui, puis le laisse à ses occupations. Il est temps pour moi d'aller visiter un autre monument local : le village de verre.

Abrité sous un immense bâtiment arrondi en forme de champignon hallucinogène, vu ses myriades de couleurs psychédéliques (voir photo), le village recèle deux parties bien distinctes.
La première, c'est une soufflerie. Là, une dizaine de membres utilisent des fourneaux dont les flammes jaillissent de l'intérieur, pour façonner le verre. Une fois à la température adéquate, il souffle le verre échaudé pour lui donner une forme choisie. Cette soufflerie totalement ouverte donne la possibilité au public de voir à l'oeuvre les artisans, ainsi que de participer afin de personnaliser leur produit. Et qui sera donc forcément unique.

La deuxième partie du bâtiment ouvre ses portes sur un immense corridor dans lequel la lumière pénètre par des vitraux digne des plus belles églises. Il laisse place à une gigantesque surface où divers marchands exposent leurs ouvrages de verre à tout acheteur potentiel. Il y va du verre à l'assiette, en passant par toutes les décorations possibles et imaginables. Notamment en cette période festive de Noël !
Quant à moi, je suis très intéressé par ce bâtiment pour une autre raison que la beauté des marchandises proposés, c'est qu'il y'a le wifi gratuit, mon seul moyen de communication avec l'extérieur !

J'en profite donc un moment avant de revenir sur mes pas et retrouver mon lieu de vie, dans lequel j'ai le loisir de prendre du temps pour lire, entouré que je suis d'un environnement dont le calme et la sérénité sont propices à des moments de tranquillité. Le bonheur.

Le village de verre d'Okinawa.

Himeyuri-Mahnmal ひめゆりの塔

Comme je vous le racontais précédemment, j'ai élu domicile dans un parc qui pourrait me faire office de paradis. En effet, cette forêt immense, à deux pas de l'océan possède en son fort toute une multitude d'arbres merveilleux. À cela, je peux ajouter une rivière avec une fontaine, une cascade, un moulin, le tout finissant dans un splendide étang d'où jaillissent des fleurs de lotus.
Il y'a également un conservatoire d'arbres où sont regroupés et soignés des variétés endémiques d'arbres. Et enfin, un observatoire depuis lequel, on peut à loisir contempler l'ensemble du parc et cette charmante forêt qui le compose, sans oublier l'océan qui ouvre l'imaginaire sur l'infini.

Mais ce n'est pas pour vous décrire ma nouvelle demeure que je vous ai convoqué aujourd'hui devant un tel paragraphe, c'est pour vous parler d'un autre ouvrage : le monument commémoratif d'Himeyuri.
Il relate les circonstances de la bataille d'Okinawa qui, durant la seconde guerre mondiale, permit aux américains d'obtenir un énorme avantage, en installant une base militaire sur le sol japonais.

Ainsi, le monument rend hommage à ses jeunes étudiants qui se sont regroupés afin d'aider et assister les hôpitaux de guerre. Ceux-ci étaient placés dans des grottes, dont les caves souterraines aux multiples coursives et cavernes servaient de chambres aux soldats blessés, tout en restent incognito. La mission de ces étudiants étaient de fournir en eau, nourriture et médicaments les grottes, ainsi que d'apporter des nouvelles du front. Front qui les fit descendre petit à petit vers le sud, jusqu'à les aculer à l'océan où ils se suicidèrent pour certains, mouraient dans les grottes restantes pour les autres. Himeyuri-Mahnmal fut une des dernières grottes encore en fonctionnement avant l'invasion totale.
Beaucoup de japonais y viennent pour fleurir l'entrée de la grotte, en mémoire de ses jeunes étudiants, morts pour le pays.

À l'instar de Chiran, le monument dédié aux kamikaze, il est émouvant de voir la mort de ces enfants qui n'ont même pas la vingtaine. Des photos, des lettres aux parents, des témoignages, des reconstitutions : on s'y croyait ! Tout est fait pour inspirer tristesse et mélancolie. Des sentiments ne donnant plus l'envie de recommencer. Jamais.
Et pourtant. Pourtant les japonais se sont reconstitués une armée il y'a 3 ans. Pourquoi ? Une telle horreur n'est-elle pas suffisante ??

À ces pensées lugubres et sombre, je rejoint mon chez moi. Un palais que je n'échangerais pas pour le plus luxueux hôtel du monde. Quand je pénètre à l'intérieur, je me sens déjà rengaillardi, et j'ai chassé de mon esprit toute idée sombre qui trottait encore dans ma tête.
À cours de batterie, je branche ma liseuse sur une prise et vais de ce pas admirer le coucher de soleil, du haut de mon promontoire. À mon retour, une demi heure plus tard, mon appareil a disparu. Diantre ! Me voilà bien infortuné.
Mais je sais que le Japon ne compte pas de voleur parmi ses habitants. C'est sûrement le gardien bienveillant qui a voulu me le préserver. La réponse à cette supposition attendra demain matin.

En attendant, afin de me tranquilliser l'esprit, j'aspire à prendre un bon bain dans un des bassins de la cascade. Tout nu, je m'immerge dans l'eau rafraîchie par la tombée de la nuit et contemple les étoiles, accompagnées de cette pleine lune qui me fournit une douce lumière blanche, et éclaire en même temps les vagues irrégulières de l'océan. Je suis tellement chanceux.
D'ailleurs, la fortune, ayant peur que je prenne froid à la sortie de ce bain improvisé, m'offre même une serviette, probablement laissée là par un enfant étourdi. Je n'oublie donc pas d'exprimer ma gratitude, puis de me sécher promptement avant de tomber malade.
Après quoi, il ne me reste plus qu'à installer mon sac de couchage, sous un des bâtiments de bois construit près du conservatoire d'arbres. La nuit sera forcément bonne.

Le monument de Himeyuri.

lundi 23 novembre 2015

Heiwasozonomori Park 平和素材の森公園

Suite à ma courte nuit près de l'océan, je décide d'aller plus en avant vers le sud, à  la recherche de cette plage de rêve, où je serai libre de nager à ma guise. Après une longue marche, je finis par arriver à l'océan. Mais point de salut car le vent amène de gigantesques vagues sur une jetée toute de rochers.
Le paysage sublime me rappelle vaguement les côtes de Bretagne.

Autour de moi, des surfers en combinaison, bien décidés à aller affronter d'hypothétiques requins qui auraient pu se présenter à eux. Je m'installe pendant un temps pour les regarder faire. Mais las de mon inaction, je me déshabille, ne gardant que mon caleçon, et fonce les rejoindre. L'eau est toujours aussi bonne et agréable. Je joue avec les vagues sautant parfois au dessus, plongeant parfois en dessous. Jusqu'à ce que le soleil, caché par d'imposants nuages, finisse par se coucher derrière la mer agitée.

Je me rhabille aussi vite que je me suis déshabillé et retourne au parc que j'ai traversé en venant. Il est immense ! Et surtout, il recèle mille et une planques qui me permettront, je l'espère, de passer une agréable nuit. Ce parc, construit dans une immense forêt doit avoir plein de secrets à me révéler. Je les découvrirai demain. En attendant, je m'élève jusqu'à un lieu nommé "l'observatoire". Et pour cause, il permet de son piédestal d'admirer toute la vue comprenant la forêt, l'océan et ses environs.

De là, je peux voir aisément la parure du ciel passer de l'orange au bleu en passant par toutes les teintes intermédiaires. Un joli spectacle que je contemple tout en reconnaissant la chance que j'ai d'être dans cet endroit paradisiaque. À la nuit tombée, je parcours les différents abris s'offrant à moi, et je finis par choisir celui d'entre eux qui est le plus éloigné, et donc le moins facilement accessible. Cela me garantira, je l'imagine, une certaine tranquillité jusqu'au petit matin.

Parc forestier Heiwasozonomori.

Minami hama kouen 南浜公園

Quelqu'un m'a dit m'imaginer sur une plage de sable blanc avec un bon cocktail de jus de fruits. Vous n'avez plus qu'à rajouter le livre et c'est tout à fait ça. Mais sans vouloir vous faire râler. Voici comment ça s'est vraiment passé.
Au matin de cette nouvelle journée sur l'île d'Okinawa, je me suis fait réveillé par mon instinct. Bien m'en a pris car à peine le temps de rouler mon sac de couchage que déjà un employé était en train d'ouvrir la porte pour faire venir les camions du chantier. Il est à peine 7h30 !

Heureusement pour moi, le soleil brille déjà dans son ciel sans nuage. J'en profite pour aller à la plage, découvrir de jour cette beauté qu'hier j'ai sans attendre caressée. Elle était à la hauteur de mes espérances. Et si ce n'étaient pour les panneaux d'interdiction répandus un peu partout, je m'y serai bien replongé.
En effet, sur une pancarte figure l'endroit où la baignade est autorisée. C'est simplement ridicule tellement c'est étroit : une vingtaine de mètres carrés tout au plus. Déçu, je m'en vais à la recherche d'une autre plage, espérant en trouver une sans de pareilles contraintes.

J'en trouve une autre. Mais ça semble du même acabit. Alors je m'installe avec un bon livre, un cocktail de jus de fruits et fait bronzette jusqu'à la tombée de la nuit, espérant que ce sera pour moi l'occasion d'illustrer mes talents de nageurs. J'ai le plaisir de pouvoir admirer un magnifique coucher de soleil. Et alors que je m'imagine déjà à l'eau. Voici que le vent de lève. Un vent frais qui me dissuade. J'hésite. Mais la prudence m'impose de ne pas tenter d'attraper froid. D'autant que ma serviette est au fond du sac et que j'ai pas envie de tout déballer.

C'est donc une nuit réparatrice qui m'attend. Ce ne sera pas du luxe. Mais alors que je m'installe dans une superbe cabane haut perchée, me pensant ainsi à l'abri des marcheurs matinaux, j'entends une fête qui se prépare. Normal, c'est samedi soir. Et vient le moment que vous attendez tous : celui où un des jeunes monte à la cabane et découvre un sac de couchage dans un coin.
Ni une ni deux, il redescend trouver ses amis, remontent tous ensemble et là commencent les paris pour savoir si je suis un homme, puis si je suis vivant, et au bout de combien de temps je vais me réveiller alors qu'ils sautent ensemble sur les planches de la fragile cabane.

La souffrance est à son comble lorsque j'entends la voix d'une jeune fille qui vient à ma rescousse, priant ses camarades moqueurs et imbibés de me laisser en paix. Les voilà qui repartent, aussi rapidement et bruyamment qu'ils étaient venus. J'imagine alors pouvoir dormir une paisible nuit. Vous aussi non ?
Mais à vrai dire, la trêve fut de courte durée. Car c'était sans compter un couple de tourtereaux à moitié ivres, qui ont passés une bonne partie de la nuit à mes cotés. Parfois même en me mettant des coups involontaires durant leurs ébats joyeux.
Impossible de dormir dans ses conditions. Alors obligé d'attendre la fin de leurs jeux amoureux, je me suis contenté d'admirer la ville illuminée et son port, comptant les avions au lieu des moutons.

Au bout d'un temps certains, ils n'eurent plus rien à se faire. C'était pour eux le temps de partir, pour moi celui de dormir. Sommeil de courte durée car quelques courtes heures après, j'étais déjà réveillé par les promeneurs matinaux.

Parc de la plage sud.

dimanche 22 novembre 2015

Toyosaki chura sun beachi 豊崎美らSUNビーチ

C'est hier dans la nuit, après une longue marche d'une heure et demi, sac à dos sur les épaules, que je suis arrivé dans ce lieu (voir photo). Dans une certaine pénombre, éclairé seulement par la lune à moitié pleine, j'ai exploré ce qui me semblait être un endroit de rêve : terrains de basket, multiples maisonettes, jardins fleuris et arborés, mais surtout une plage se sable.

Ceux qui me connaissent bien ont compris que ni une ni deux, j'ai traversé la faible étendue qui me séparait de l'eau, j'ai quitté tout ce qui me servait de vêtements et dans le plus simple appareil, je me suis élancé dans le liquide salé.
Une fois dedans, la température était idéale. Facile à y rentrer mais pas trop chaude. La lueur pâle de la lune éclairait l'eau ainsi que le rivage sublime, d'où un son cristallin semblait s'échapper. Le bruit des coraux échoués qui se frictionnent entre eux : merveilleux !
Mieux, dans l'eau limpide, on peut aisément voir au travers. Jusqu'à des petites bulles que génèrent chaque mouvement. Je n'avais jamais vu ça de ma vie.

Pendant une bonne heure, impossible de m'arrêter de jouir de ce plaisir tant attendu. J'écoutais avec joie le bruit des vagues contrastant avec celui des avions passant de temps en temps juste au dessus de moi, à quelques dizaines de mètres : une scène totalement surréaliste.

Après quoi, il me fallait bien trouver où dormir car il commençait à se faire tard. Je n'avais que l'embarras du choix. Et par coquetterie, je prenais mon temps pour flâner et trouver le meilleur endroit. C'est alors que je vis deux phares dans la distance. Je me retournais étonné car le parc n'avait plus de visiteurs depuis quelques heures et je me croyais seul. Puis soudain, une lampe torche m'éclaira. Je cru comprendre que c'était pour moi. Je m'empressai donc de remettre mes chaussures et continuai ma promenade comme si de rien était. Trop tard, la voiture vint vers moi. C'était le gardien du parc qui venait m'annoncer la fermeture des lieux. Je dûs partir. À mon plus grand regret.

Las, je me mis à tourner autour du parc afin de trouver une autre solution. Je finis par découvrir une autre ouverture apparemment en travaux. Chance. J'attendis alors qu'il n'y ai plus de regards indiscrets, puis après une furtive escalade, je me glissai sur le pont de la délivrance. J'explorai à peine les lieux, que voici revenir les phares du gardien. Pas moyen de se faire prendre à nouveau. Je me jettai donc à plat ventre dans un recoin feuillu, regardant passer à l'abri mais avec angoisse mon cauchemar. Puis je pus souffler de soulagement lorsque je le vis s'éloigner. Je songeai alors à repartir mais la fatigue se faisant sentir, je décidai que le recoin irait très bien pour le peu d'heures qu'il me restait à dormir.

Il faisait tellement chaud que je ne pris même pas la peine de sortir mon sac de couchage. Mais après quelques courts instants, mon corps commença à me démanger. Sans hésiter plus longtemps, je m'emmitouflai, ce qui j'espèrai, me protégerait des affreux voleurs de sang. Et effectivement, quelques courtes minutes plus tard, je m'endormais sans plus me gratter.

La fabuleuse plage ensoleillée du cap Toya.

vendredi 20 novembre 2015

Okinawa kuukou 沖縄空港

Forcément, ce qui ne devait pas arriver arriva. À mon réveil, le ciel est gris et il pleut encore au dessus de moi. Trop peu pour que ça m'aie réveillé, mais assez pour avoir trempé mon sac de couchage qui n'aura pas le temps de sécher. J'avais pourtant une place à l'abri dans ce splendide parc. Mais le ciel si clair et si étoilé de la nuit dernière m'avait semblé être une prédiction d'une belle journée. Il n'en est rien ! Les nuages couvrent le ciel.

Je m'habille et range mes affaires en hâte. Puis avant de partir, je profite encore un peu du parc en jouant à monter à la corde, comme je fais à la maison. Je quitte les lieux par une sortie dérobée que j'ai découverte la veille en faisant le parcours de jeu. Arrivé sur la grande route, je prends la direction de l'aéroport. En passant devant l'entrée du parc, je vois des gens qui s'affairent. J'ai bien fait de partir, ils vont ouvrir les portes !

Je fais un stop à un "conbini" (petite supérette japonaise), pour le petit déjeuner. Que les "onigiris" (triangles de riz entourés d'une algue) m'ont manqué ! Je me régale au chaud un moment avant de repartir pour l'aéroport. Là bas, je patiente en rechargeant la batterie de ma tablette et en profitant du wifi gratuit. À l'heure de prendre mon vol, je me rends au guichet pour me voir annoncer une mauvaise surprise : une taxe de 2600¥ (20€) pour mes bagages. Dur pour 700 grammes de trop. Surtout que c'est le poids des confitures que j'ai ramené à mes amis japonais pour qu'ils goûtent à nos productions locales. Je vais les leur vendre pour la peine \(^○^)/

J'hésite un peu mais je paye. Pas moyen de négocier au Japon. Mais une fois mon sac parti, je réagis. J'aurai pu laisser le poids superflus en consigne, ce qui m'aurait permis d'économiser 1300¥ (10€). Trop tard ! J'ai quelques remords à n'avoir pas réfléchit assez vite. Mais la leçon est bonne et je la partage avec vous gratuitement.

Après ça, passage par la sécurité, l'embarquement et c'est parti. En route vers Okinawa ! L'hôtesse qui m'a choisit ma place a eu la charmante idée de me placer près de la sortie de secours. Je peux y allonger mes jambes à loisir car il y'a au moins un mètre entre les sièges. Avis aux grands si vous pouvez choisir votre place. La condition, c'est que je sois en bonne santé et que je puisse soulever le hublot de 15 kg. J'espère que je n'aurais pas à le faire.
Pendant le vol, les hôtesses de l'air proposent des rafraîchissements. Tous payants, bien sûr. Pas intéressé, j'admire le coucher de soleil au dessus de la mer de nuage. Vague souvenir de Hokkaido et le mont Rishirin. Il est à peine 16h30 !

Je n'aime pas arriver dans la nuit car c'est toujours galère pour trouver où dormir. À moins d'utiliser le radar. Quoiqu'il en soit, l'arrivée à l'aéroport d'Okinawa est sublime. Tout un tas de belles fleurs m'attendent, en plus de ces jolies hôtesses qui souhaitent la bienvenue. Excellent ! Ça met de bonne humeur.
Ici, il fait chaud : je peux tomber le pull. Ça donne presque envie d'aller se baigner. Chiche ! Indiquez dans les commentaires si vous me croyez capable ou bien si je vais me dégonfler !! Ahah. Résultat dans 10 jours avec le retour du wifi.
Par contre, comme il fait nuit noire, de cette charmante ville, je ne verrais que ça ce soir :

L'aéroport d'Okinawa.

jeudi 19 novembre 2015

Narita no yoru 成田の夜

Suite du précédent épisode, j'ai finalement passé l'immigration en douceur (c'est à dire sans interrogatoire digne de la gestapo) et j'ai eu la joie de retrouver mon bagage (et par la même occasion ma maison). Tout est bien qui finit bien.
Dans mon élan de chance, je me rends au comptoir de la compagnie avec laquelle je vais à Okinawa, pour voir si je peux avancer mon vol, ce qui m'éviterait d'attendre inutilement - et froidement - une nuit à Narita.
Mais il ne faut pas boucher le poussons : l'avion est déjà complet.

Alors après un rapide état des lieux sur Google maps, il n'y a pas grand choix. À croire que Narita est la ville de Tiger Woods : il n'y a que des terrains de golf partout ! Un seul parc seulement, à 7 km de là.
Tant pis, ce sera l'occasion de faire de l'exercice. Fini de dormir dans les golfs et de se réveiller avec la honte d'être en plein milieu du 18 ème trou (non, ce n'est pas le titre d'un film pour adulte) !

En marchant vers la destination, je croise un "Sukiya", un magasin de "donburi", mon repas d'enfer (cad que je pourrai manger continuellement pour l'éternité, comme supplice). Surprise, ils ont un nouveau set que je me propose d'essayer pour vous, chers lecteurs.
C'est une sorte de casserole avec un brûleur en dessous qui chauffe des nouilles avec des légumes et des boulettes de poulet. Le feu dure le temps du repas, ce qui permet de manger chaud. Avec ça, un bol de riz et du gingembre. Le tout pour 580¥ (4 euros 50). Il y'a tellement de légumes que c'est presque un repas végétarien !! C'est assez rare pour être noté.

Puis je retourne dans le froid pour ma longue marche de nuit (qui tombe à 17h ici). Impeccable pour digérer. Dans la pénombre, il m'est difficile de trouver les trottoirs et je marche donc sur la route. Pas le choix. Heureusement, le Japon a peu de fous du volant ! Il y'a donc peu de risque que je me fasse écraser.
De nombreuses voitures de polices passent et je me demande quand est ce que l'une d'elle va m'arrêter. Car ça doit pas être commun de voir un étranger marcher dans la nuit,  avec deux sacs sur le dos, à des kilomètres de l'aéroport, loin de tout hôtel !
Mais non, aucun soucis.

Le problème, c'est plutôt de trouver l'endroit indiqué par Google maps. Après plusieurs succès infructueux, j'arrive enfin ... Pour découvrir que le toit vu par satellite n'est qu'un vulgaire restaurant. Tout ça pour ça !
Il ne nous reste plus qu'à faire demi tour. Ma déception et moi !
C'est là que j'active mon radar. Celui qui ne me trompe jamais et me permet de trouver un endroit où camper, peut importe où je me trouve.

Et ça marche ! Un recoin sombre m'appelle. J'attends que le flot de voitures s'arrête pour sauter une barrière et me voilà dans un parc. Dedans, plein de jeux en bois et en cordes. Je ne résiste pas au plaisir de m'amuser dessus. Plus d'une heure jusqu'à ce que la fatigue se fasse sentir. Un lieu totalement magique. Pour les petits et les grands enfants.
Après quoi, je finis par trouver un hamac de cordes dans lequel je m'installe à la belle étoile. En priant que pendant la nuit, le ciel ne me tombera pas sur la tête !

Une nuit à Narita.

mercredi 18 novembre 2015

Passeport perpétuel, le retour 旅券, またです

J'avais déjà fait fort il y'a quelques mois avec mon passeport perdu à quelques jours du départ et toutes les aventures qui en ont découlées jusqu'à mon arrivée au pays du soleil levant (Voir passport perpétuel).
Rassurez-vous, ce n'était qu'une pâle préparation comparé à ce qui m'est arrivé ces derniers jours !!
"Quoi ??", vous devez vous demander, "il est possible de faire pire ?!"
Et bien oui, et je vais vous raconter comment ! Alors accrochez-vous, c'est parti.

Tout à commencé avec ce foutu passeport d'urgence, document officiel qui ne dure qu'un an. C'est amplement suffisant pour en refaire un me direz vous. Moi aussi je le pensais. Mais à mon retour du japon, 3 mois après l'émission du dit passeport, c'étaient les vacances d'été. Inutile de vous dire que la longue attente promise par cette période propice à la confection de passeport m'a totalement refroidie. Et alors que j'imaginais refaire mon sésame à la rentrée, en même temps que je vais à la plage dénudée de ses touristes, l'Inde m'est tombée dessus sans prévenir. Voilà comment croyant avoir le temps, je me suis retrouvé à devoir faire un passeport dans un court laps de temps, ne laissant pas le droit à l'erreur.

Et comme vous devez vous en douter, erreur il y'a eu. La préfecture a cru que j'avais deux passports et a donc bloqué l'émission du nouveau. J'aurais pu attendre longtemps si je n'étais moi-même allé à la mairie vérifier le processus en personne. Inquiets de la situation, les adorables dames de la mairie de Vauvert (un peu de pub pour leur gentillesse) ont réussi à comprendre le problème puis signaler l'urgence de la situation. Pas question d'annuler mes billets, ni échangeables, ni remboursables.
Malheureusement,  les circonstances font que lorsque j'arrive à la mairie à 15h30,  la préfecture vient juste de fermer. Pour pimenter le tout, le lendemain est férié. Arriveront-ils à délivrer mon passport en terms et en heures en 4 jours ? Ça semble juste mission impossible...

Et pourtant, lorsque j'y vais le jour j, le miracle a eu lieu : le précieux est là. Tout chaud, tout neuf, tout beau, n'attendant plus que moi ! Et moi que lui. On s'était enfin retrouvé. Après tant d'attente et d'espoir.
J'aurais normalement dû être soulagé, si ce n'était qu'entre temps, une autre nouvelle ma frappé. L'annulation de mon billet d'avion pour une cause inconnue, probablement du surbooking. J'ai donc un autre vol pour 3 jours plus tard. Sauf qu'entre temps, je fais quoi, je dors où et quid de ma correspondance ?
Pas moyen d'accepter cet échange défavorable. J'appelle l'agence de voyage, qui me dit d'appeler la compagnie aérienne, puis la compagnie aérienne qui me dit d'appeler l'agence de voyage. Finalement, ils m'ont trouvé un vol un jour plus tôt. Mais je dois attendre la confirmation.

Elle finit par arriver une heure après mon passeport, c'est à dire une heure avant mon départ. Ouf ? Pas vraiment ! À Paris, panne d'informatique sur le RER (train de banlieue), je prends forcément le mauvais. Obligé de faire demi-tour à la station d'après, puis de prendre le bon, j'arrive tard à l'aéroport. Je donne mon passeport flambant neuf. Et là, c'est le drame !
Pas de billet enregistré à mon nom. Je montre ma tablette et le billet électronique. La dame de l'enregistrement regarde mais impossible à trouver. Elle appelle ses collègues, pas mieux. Le responsable arrive et me conseille d'appeler mon agence de voyage afin qu'ils régularisent. Je pianotte sur mon mobile. Je suis mis en attente. J'ai enfin quelqu'un au téléphone, probablement dans un pays nord africain. Dur de se faire comprendre. Il me dit qu'il va me rappeler. Les minutes passent et toujours rien. J'essaie de garder mon sourire. Je tente de blaguer avec les sublimes hôtesses mais l'angoisse l'emporte. Le comptoir est en train de fermer. Je rappelle. Le stress est a son maximum. J'ai une autre personne au téléphone. Qui me met en attente. Long. Trop long. Il ne reste plus qu'une personne au guichet. Les tapis à bagages sont fermés.
"Pfouuuuu", je souffle, j'essaie en vain de me détendre. Une nouvelle voix au téléphone, je n'en peux plus et passe le combiné. L'hôtesse explique le problème et c'est reparti pour une énième musique d'attente. Puis après un interminable moment, la voix me répond enfin "attendez un moment, nous émettons votre billet". L'hôtesse au comptoir rafraîchit son écran jusqu'à obtenir le billet. Impression en vitesse, je donne mon bagage. Le responsable m'indique qu'il y'a de fortes chances pour qu'il voyage sur un autre vol et donc que je devrais l'attendre ou me le faire expédier à mes frais. Sauf que dans mon bagage, il y'a ma tente et mon sac de couchage. Ma maison quoi !

Mais bref, pas le temps de penser que je dois déjà foncer pour l'embarquement. Heureusement, l'hôtesse a pensé à me donner un pass coupe file, comme à Disneyland. Résultat, j'arrive en peu de temps au passage de sécurité. Qui contre toute attente va très vite. Puis, finalement l'embarquement. Je suis le dernier.
Sauvé ? Pas encore ! Il me reste encore le visa à obtenir et mes bagages à récupérer. Ça aurait pu être plus simple ...

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