Mme Yoshida est une grand mère qui parle aussi vite qu'elle marche, c'est à dire très vite. À tel point que la dernière fois que l'on s'est vu, j'avais autant de mal à la suivre en parole qu'en enjambées.
D'ailleurs, à chaque fois que je la rencontre, je suis saisi d'une pointe d'admiration, empreinte d'envie : j'aimerai être aussi en forme à mes 60 ans qu'elle ne l'est à ses 76 ans ! Quelle énergie incroyable elle tient. À croire qu'elle a percé le secret de la fontaine de jouvence !!
Nous avons donc rendez-vous à la station de train de sa ville, Kotohira 琴平, qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de chez moi, soit 50min à vélo. Une fois sur place, à peine eu le temps de poser ma bicyclette que c'est déjà parti. Elle enchaîne les mots avec une cadence impressionnante, tout en me menant à toute vitesse à travers les raccourcis de la ville, vers un petit magasin de mochi 餅. À l'intérieur se vend un mélange de toutes les couleurs de ces délicieuses friandises à base de riz 米 fourré de pâte d'haricot rouge 餡 (あんこ).
La pâtissière me fait même un cadeau en m'offrant un petit feuilleté où se cache un mini mochi à l'intérieur. Un subtil cheval de Troie inspiré de deux cultures totalement opposées, mais finalement tellement proches.
Une fois la dégustation terminée, la digestion se fait en grimpant dans la montagne à la recherche des plus beaux endroits où poussent les momiji 紅葉, ces arbres aux fameuses feuilles rouges. Mais contrairement à Kyoto 京都 où le froid est plus virulent que par ici, la relative douceur du climat ne donne pas une couleur si écarlate aux pelage des arbres. Dommage.
Dans la prairie, un manteau globalement orangé, variant du jaune foncé au rouge clair nous est néanmoins agréable à regarder. Nous montons jusqu'à un chemin de terre par laquelle nous redescendons.
Nous arrivons à un restaurant où Mme Yoshida fait festin. De mon côté, je passe mon tour. Non que les prix ultra chers soient un réel frein, mais surtout que j'ai déjà mangé un repas gargantuesque avant de venir. À ce moment nous rejoignent deux jeunes femmes au grand sourire. Vu la familiarité avec laquelle on s'adresse la parole, je devine que ce sont des amis de Mme Yoshida. Tout juste.
Les présentations faites, la discussion bat son plein. Et une fois le déjeuner avalé, Mme Yoshida nous quitte brusquement, c'est à dire aussi vite qu'elle parle en marchant.
Avec les deux demoiselles et leur chien, nous prenons la route du temple Kompira 金比羅, gravissant les nombreuses marches qui séparent l'entrée du sommet. La visite est toujours aussi magnifique que la fois précédente, et le changement de saison, bien que rendant le paysage différent, ne le désembellit pas pour autant. Le sanctuaire et la forêt qui l'entoure ont revêtu leur charmante parure d'automne. Tous les bâtiments couvert de mousse et éclairés de mille feux d'or brille de cette force qu'ont seules les constructions centenaires.
La promenade s'effectue tout en conversant de la vie de chacun. Tant et si bien que nous voilà déjà en bas des escaliers de pierre de nouveau. On se quitte comme on s'est rencontré, sur un sourire.
Le mont Kompira, encore une fois.
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