S'il y a bien une chose à reconnaître à l'art japonais, c'est celui d'arriver à créer des recettes culinaires à partir de restes. Ainsi sont nés entre autre le "tamago kake gohan" 卵かけご飯 (oeuf cru, tamari et riz) et le "neko mama" ネコママ (soupe miso et riz). C'est ainsi qu'on prépare de bon matin des udon うどん, la spécialité locale, avec les restes d'hier, c'est à dire le nabe 鍋. "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" nous disait Lavoisier, ne pensant sûrement pas que sa célèbre formule pourrait être si bien adaptée à la cuisine japonaise.
Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Narumi, la soeur jumelle de la belle Ayumi, la fille de la famille dans laquelle je vis. Bien qu'elle habite à Kyoto, nous nous retrouvons à Kobe, la tristement célèbre ville portuaire pour son tremblementde terre dévastateur des années 90. Pourquoi Kobe ? Pour son magasin Ikea !
Ici, la marque est en train de prendre de l'ampleur, telle la vague de l'occident qui submerge la culture de l'orient. Où sont passé les magasins Mujirushi 無印, leur homologue japonais ? Nul ne sait me répondre.
Sur place, on fait un déjeuner à l'européenne, avec de la purée et des boulettes de viande. Je me croirais revenu à la nourriture qu'on me servait à la cantine dans mon enfance. Une fois cet exotique repas englouti, c'est l'heure de pénétrer dans l'antre infernale : le magasin d'objet.
Narumi sait déjà ce qu'elle veut acheter comme canapé, ce qui lui prend 5 minutes tout au plus. Après quoi, nous prenons le chemin labyrinthique qui doit nous faire passer par tous les articles du magasin, ce qui prend d'interminables heures. Pour palier à l'ennui, je fais le zozo et trouve n'importe quel prétexte pour faire des clowneries, ce qui fait bien rire tout le monde.
À la caisse, on obtient un bon d'achat de 70 euros. Chouette. D'autant plus qu'à quelques mètres de la caisse, il y a une supérette Ikea, dans laquelle on peut acheter de la nourriture Ikea, symboles de la Suède, au noms imprononçables. Rappelez-vous le fameux "krissprols" !!
Nous faisons donc des emplettes jusqu'à remplir le caddie, comptant chaque article pour arriver au plus près du prix limite, allons à la caisse, passons tous les articles et au moment de payer avec le bon d'achat, énorme surprise : Narumi se rends compte que le bon n'est valable qu'à partir du lendemain de l'achat !
Nous voilà donc tout confus, devant le caissier médusé, en train de remettre toute la nourriture dans le caddie, puis chacun de son côté allant remettre chaque article à sa place. La scène est si drôle qu'une crise de fou rire me prend.
Enfin, pour nous remettre de nos emotions, nous rentrons à Kyoto et allons nous restaurer dans un luxueux restaurant où l'on commande plein de petits plats très chers bien que succulents, que nous partageons chaque fois en quatre. Le repas nous revient à presque 300 euros ! Rien à voir avec mes traditionnels déjeuners quotidiens à 3 euros !
La nuit, nous la passerons dans le minuscule appartement de Narumi dans lequel nous nous installons en rang d'onion dans nos sacs de couchage respectifs.
Le Ikea de Kobe.
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