dimanche 24 mars 2013

Sakaide 坂出

Aujourd'hui, ce sont les adieux. La famille veut donc le meilleur aurevoir possible. Et alors que Kaisei cours sur le tapis roulant avec un masque de lapin (!!), tout le monde se prépare pour le départ. Ils veulent m'amener jusqu'à l'entrée de l'autoroute. En effet, pour passer de Honshu à Shikoku, ma prochaine destination, il n'y a pas 36 solutions : le ferry, le train ou l'autoroute. Pas question ici de traverser à pied ou à la nage les quelques 15km qui séparent les deux îles.
Mais avant ça, ils veulent s'assurer que je fasse un excellent voyage. Direction donc un magasin de bricolage, afin de m'offrir une nouvelle lampe à dynamo, car j'ai égaré l'ancienne. Bien sûr, ils ont décidé ça alors que j'avais signalé cette perte une semaine auparavant dans le courant d'une conversation. J'avais moi-même complètement oublié !!
La suite, un buffet à volonté afin que je quitte l'île le ventre rempli. Délicieux. Et adorable de leur part.
Il me laissent ensuite sur un endroit stratégique, après des aurevoir poignants, même s'ils doutent fortement que je puisse y arriver. Ils m'expliquent que c'est très compliqué de traverser comme ça, et que je ferais mieux de choisir un autre moyen de transport. Et même si je me rappelle en effet la difficulté que j'avais eu à traverser de Honshu à Kyushu quelques mois auparavant, j'étais maintenant plus aguerri et certain de ma réussite.
Alors je signe de ma plus belle plume un autographe du nom de la ville inscrite sur un panneau, puis attends. De longues minutes. Jusqu'à ce que quelque chose d'inédit se produise. Une moto s'arrête.
Est-ce vraiment pour moi ? Le conducteur relève alors sa visière et me demande si je vais bien à Hayashima. Je lui réponds que oui !
A ce moment, vous pouvez douter de mon état d'ébriété et supposer, à tort, que le buffet à volonté comprenait également quelques boissons locales du meilleur effet. Quant à moi, je doutais qu'il n'ai vu mes 3 sacs de voyages qui, je le craignais, ne pourraient tenir sur le siège arrière, même en se tassant.
Il m'indique alors gentiment que je suis à Hayashima. Déjà arrivé ? Trop facile ! Je vérifie alors sur ma carte pour m'apercevoir qu'il avait raison le bougre, je venais de faire une erreur de quelques dizaines de kilomètres. Le panneau que j'avais recopié indiquait le lieu, et non la destination. Je revisionnais alors les quelques sourires amusés et autres interrogations que j'avais vu plus tôt sur les visages des automobilistes.
Une fois le motard remercié et mon erreur corrigée, je n'attendis pas plus de 5 minutes avant de voir une autre chose étonnante se produire. Cette fois-ci, c'était maintenant un camion qui s'était arrêté un peu plus loin sur le bas côté. Un vrai, un 16 tonnes, pas comme celui de Masuda quelques mois auparavant. Voilà 6 mois que j'attendais ce moment, me disant que plus les jours passaient, moins j'avais de chance qu'il n'arrive. Mais la chance me souriait aujourd'hui. Non seulement j'allais traverser la mer par l'autoroute, mais en plus j'allais le faire avec style. En plus, l'avantage d'être haut perché me permit de pouvoir admirer la traversée sans être gêné par le muret de l'autoroute, chose impossible en voiture.
Et quelle traversée ! La mer est parsemée d'îles toutes plus jolies les unes que les autres, et pour chacune d'elle, j'avais envie de m'arrêter pour aller la visiter.
Mon chauffeur, un amoureux de la nature comme moi. Il conduit environ 15 heures par jour, même le dimanche. Intérieurement, je ne l'enviais pas. Mais il me confia qu'il adorait conduire, alors ça ne le dérangeait pas.
A lui seul et en seulement une demi-heure, il venait de briser les mythes de ces 6 derniers mois : en plus d'être gentil et souriant, il a été serviable et accessible, me donnant de son temps malgré un planning ultra serré. Ainsi, il est sorti de l'autoroute pour me déposer là où ça m'arrangeait, est descendu pour faire une petite photo souvenir devant le camion, puis a fait demi-tour pour reprendre l'autoroute.
Arrivé à Sakaide sur la route 11, deux choix s'offraient à moi : aller à l'est, dans la direction opposée, vers la ville qui m'offrirait certainement un endroit idéal où faire du stop, ou bien continuer à l'ouest vers la prochaine ville, sur une route qui ne donnait aucune indication.
En choisissant la seconde option, je pariais sur un futur incertain, mais motivant. Et ce n'est que 3 kilomètres plus loin qu'un panneau m'indiqua que la prochaine ville était à 7 kilomètres. Obstiné, je n'étais pas prêt à faire demi-tour. Mais 1 bonne heure de marche en plein soleil, avec des bagages qui semblaient plus lourd que jamais à cause d'une montée qui semblait ne pas vouloir s'arrêter, eurent raison de moi. Je dois l'avouer, j'étais fatigué et avais envie de savourer ma victoire du jour. Challenge réussi : j'étais arrivé sur l'île de Shikoku.
Sakaide.

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