mardi 1 décembre 2015

Okinawa mou ippaku 沖縄もう一泊

À force de jouer avec le feu, on finit par se brûler.

Ceux qui me suivent depuis un moment le savent sûrement, les autres l'ignorent sans doute, en ce qui concernent les situations in-extrémis, je suis devenu un habitué, voir presque un expert. Marcher sur le fil du rasoir, contrôler le stress, ne pas savoir si j'aurais mon avion et pourrais finalement partir, ça me connaît.

Tout à commencé la première année avec le vol retour de Fukuoka, le typhon et la voiture miracle qui m'a fait parcourir plus de 500km en une journée, sans quoi impossible de rejoindre la ville à temps. Puis le premier passeport perdu, à quelques jours du départ et sa réfection en moins de temps qu'il ne faut pour le dire que pour le faire. S'est succédé le rapatriement depuis Sapporo dans un avion dont la place m'a gracieusement été offerte par un moine adorable. Pour finir par le renouvellement du passeport qui a pris plus de temps que prévu et le vol, surbooké, qui a été avancé d'un jour sans être déclaré à la compagnie.
Enfin, quand je dis "pour finir", j'aurais plutôt dû vous dire "pour continuer", car ce genre de malédiction, loin de s'arrêter, perdure avec le temps et n'a fi de l'âge ou du caractère prudent que son doux bénéficiaire pourrait acquérir.

Ainsi, j'arrive après plus de 2 heures de marche, sereinement, c'est à dire en avance, à l'aéroport malgré une petite pointe d'appréhension : un pressentiment dans doute. Premier imprévu, impossible de trouver mon vol. Heureusement que l'aéroport n'est pas grand, je visite d'autant plus vite les 3 étages qui le composent. En haut, une hôtesse très polie me dit de changer de terminal en prenant un bus. Je parcours donc le chemin en sens inverse jusqu'à l'arrêt de bus. Il arrive, je monte, il me dépose quelques kilomètres plus loin : je suis toujours dans les temps. Premier contretemps.

Je fais la lente et longue queue pour faire passer mes bagages dans un détecteur à rayons X. Question de sécurité. Quand j'en vois enfin le bout, la dame qui fait passer les sacs et valises sur le tapis me demande mon ticket. Je n'en ai pas. Elle me montre du doigt une machine et me fait signe de dégager. Je remonte la file en sens inverse, me précipite à la machine. Celle-ci me demande un QR code ou un code à 6 chiffres. Je n'ai ni l'un ni l'autre. Opodo, mon agence de voyage ne m'a rien fourni d'autre. Deuxième contretemps.

Un tantinet agité, je refais la queue pour passer mon bagage. Celle-ci a largement diminué heureusement. La dame me voyant pas à l'aise avec la situation et n'ayant pas envie de discuter plus longuement me laisser finalement passer. J'arrive jusqu'aux hôtesses qui enregistrent les bagages. Je leur explique la situation, elles recherchent dans leur fichiers. La première hôtesse appelle une seconde à la rescousse. Pendant ce temps, le temps défile. Elle essaie en vain pendant un moment pour finalement me dire : je ne vous trouve pas dans les réservations. Encore ! Tant pis, j'offre d'acheter un nouveau billet quite à régler le problème plus tard, car à midi ici, il est 4h du matin en France. Et à cette heure là, je vous le donne en mille, Opodo, ils font dodo ! Troisième contretemps.

L'hôtesse me trouve donc une place sur le vol et me donne le prix : 13370¥, presque 100 euros. La question n'est pas de savoir si je peux payer par carte car ce type de paiement, tellement simple et efficace, est encore peu développé ici, mais plutôt si j'ai assez de monnaie sur moi pour régler. Dans ma chance, j'avais trouvé un billet de 10000¥ avant de partir, voilà qui va probablement pouvoir me sauver. Avec j'ai un autre billet de 1000¥. Me manque plus que 2000¥ et des broutilles. Bien sûr, dans ce hangar désaffecté, loin du terminal principal, ni distributeur ni bureau de change. Alors je compte sur la sympathie des gens pour m'échanger des euros contre des yens. Personne ne veut, à ma grande surprise, me donner un coup de pouce. Je reviens donc au guichet, désespéré. L'hôtesse m'annonce qu'elle ferme, signe que c'est fini. Dernier contretemps.

Et là, miracle ! Vous n'y croyiez plus ? Et bien moi non plus !
Une charmante dame me propose gentiment de m'aider à acheter le billet. Je suis sauvé.
Ou presque.
L'hôtesse indique à sa montre que c'est l'heure et qu'elle vient juste de fermer. En France, les hôtesses avaient été patientes jusqu'au dernier moment, quitte à dépasser. Mais au Japon, l'heure, c'est l'heure. À la minute près.
S'en suit alors une argumentation intense entre les deux femmes. Celle qui n'avait pas daigné m'aider quelques minutes auparavant, se faisait maintenant une cause de mon cas, qu'elle se mit à défendre bec et ongle. Mais le conflit tourna court et l'hôtesse conserva jusqu'au bout sa détermination.
Les deux s'excusent auprès de moi, l'une pour son manque de vitesse de réaction, l'autre pour sa ponctualité exacerbée. Voilà comment j'ai raté mon avion et sa correspondance.

Pour les plus curieux qui voudraient savoir le fin mot de l'histoire, je vais vous le donner. Opodo n'a pas réussi à valider la confirmation et a donc annuler le billet sans oser me prévenir. Ils vont donc opérer un remboursement moins 32 euros de frais de dossier. C'est la taxe, non négociable, pour avoir échoué dans leur boulot : m'acheter un billet d'avion. Quant à ma correspondance, la compagnie me propose de me rembourser la moitié du billet, comme convenu dans leur politique tarifaire. Enfin, j'ai prévenu la famille que j'aurai un jour de retard et je vais donc passer une autre nuit à Okinawa. Non pas au château que j'affectionne, il est à 17km de l'aéroport. Mais en pleine ville. Pour la deuxième nuit. Et pour agrémenter le tout, il y'a un début de typhon. Je vais tenter de garder le sourire.

PS : cela fait quelques voyages que je fais avec Opodo. Quand tout va bien, j'ai eu des billets pas chers et très simples à réserver. Quand tout va mal, j'ai dû appeler des numéros, non surtaxés heureusement, mais qui mettent en attente, raccrochent au nez, transfèrent l'appel, alors même que ce sont des situations d'urgence. Les frais de dossiers restent importants pour quelque chose qu'on peut facilement faire soi-même, et un service après vente qui n'est à mon avis pas à la hauteur. Quand j'étais en Inde, une amie m'a donné un excellent conseil, que je vous transmets à mon tour : utilisez Opodo pour la recherche puis effectuez vous même l'achat. En cas de problème, vous pourrez le régler sans soucis directement au comptoir du tour opérateur. Passez-vous donc de cet intermédiaire coûteux et à l'efficacité douteuse !

Une nuit de plus à Okinawa.

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