mardi 20 novembre 2012

Kyushu desu

C'est en partant de Susa que j'ai découvert le supermarché et un coin réservé pour les campeurs. Pas de chance. Le pire, c'est que j'en étais pas passé loin.
Et alors que je tenais vaillamment mon panneau, une dame m'indique un endroit plus propice à faire arrêter une voiture.
Je suis son conseil et bien m'en a pris : ce n'est pas une voiture qui s'arrête, c'est un... camion ! C'est bien la première fois que ça m'arrive.

Matsumoto ne conduit pas un camion comme les autres. Il conduit un camion qui va me faire descendre jusqu'au sud de l'île principale qu'est Honshu. Et alors que je pensais longer la côte ouest, j'ai traversé les montagnes de part en part.
Matsumoto a 65 ans et conduit son camion depuis 35 ans, n'ayant que le dimanche comme jour de repos. Avec, il fait la tournée des supermarchés pour les fournir en légumes. Le trajet de 280km se fera en un clin d'oeil. Et pour prouver que ce camionneur, à l'air froid et sévère, est sympa, il pile pour s'arrêter au milieu de la route, descend en urgence en me priant de ne pas bouger, trafique pendant quelques minutes autour du camion, y remonte, pousse mon sac pour prendre deux mouchoirs et y insère dans chacun une feuille.
Ces feuilles sont spéciales car elles symbolisent le Koyo, la période de l'automne pendant laquelle les feuilles passent du vert au jaune, puis au rouge. Il m'en a donc ramassé une jaune, qui s'appelle Icho, et une rouge qui s'appelle Momiji.
On se quittera près d'un carrefour où je pourrais continuer ma route vers l'ouest, et lui aller dormir un peu, s'étant levé à 3h pour faire sa tournée.

Je regarde les panneaux et remarque que la première ville de l'île de dessous qu'est Kyushu, n'est qu'à 50km. Une broutille.
Et alors que je tend mon panneau, un autre camionneur m'aborde pour taper la discute. Il me propose même d'aller avec lui à Hiroshima. Pendant que je réfléchis, il va me chercher une canette chaude de café au lait. Sympa.
Finalement, je reste sur mon premier choix. J'irai à Hiroshima plus tard. Même si c'était très tentant d'aller visiter cette ville par un si beau temps.

Puis j'attends, j'attends, j'attends. Une heure et demi plus tard, toujours rien. C'est quand même très bizarre. Aurais-je perdu mon aura ? Les japonais d'ici serait-il moins sympa ? Aurais-je vu trop grand ?
Penchant pour la dernière, je change mon panneau pour une ville plus proche et bingo ! Même pas 2 minutes plus tard, Ida, le chef d'une entreprise qui fabrique des rails, s'arrête pour moi. C'est sa pause et il décide donc de m'amener à la ville d'à côté en s'excusant de ne pouvoir aller plus loin. Moi, trop content d'en finir avec ce carrefour. Il est sympa, mais à peine le temps de faire connaissance que je suis déjà arrivé.

Je marche jusqu'à un autre carrefour et décide de persister dans mon erreur. A croire que personne change d'île dans ce pays !? J'abandonne mon idée au bout de 10 minutes. Et re bingo, quelqu'un s'arrête. Un ancien prof de maths de 63 ans, dont le nom m'a échappé. Faut dire qu'il parle vite le bougre.
Dans sa grande bonté, il décide de faire un détour rapide pour me montrer un temple dans lequel figure un samouraï de l'époque Eido, très connu. Encore une fois, le nom m'échappe malgré qu'il me l'ai répété au moins 120 fois. Puis il me fait voir une rue très très ancienne qui est magnifique. Enfin, il me conduit à une gare, près du pont permettant de traverser d'une île à l'autre. Il me guide vers un ascenseur que nous empruntons tous les deux, et qui descend au moins 20 étages.
Ça y'est, il m'amène en enfer !

Puis la porte s'ouvre et je découvre une salle d'où part un long tunnel dont je ne peux voir l'autre extrémité. Il me quitte là aussi vite qu'il parle, c'est à dire à tout allure.
Ce long tunnel se situe sous la route qu'empruntent les voitures pour traverser. Je l'emprunte donc, croisant d'autres personnes dont certaines poussent leur scooter. Au milieu, une ligne délimite les 2 îles. Au bout, me voici arrivé sur ma terre promise.
Et comme pour me féliciter de mon parcours, le soleil se couche juste à ce moment afin que je puisse l'admirer de ce nouveau point de vue. Comme à l'autre bout d'un autre monde...

Je suis à Kyushu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...