dimanche 24 mars 2013

San byaku mētoru 三百メートル

La solitude ne me dérange pas. Mieux, c'est mon amie. Je sais que sans elle, mon voyage aurait été complètement différent, et je n'aurais sûrement pas autant rencontré, appris et découvert.
Mais juste après avoir quitté cette famille au grand coeur, c'est dur. Je dois le dire, j'ai le blues.
Et alors que j'ai laissé mes deux gros sacs dans un recoin, et marche le long d'un chemin grimpant en lacets au flanc d'une montagne, je me demande le pourquoi de mon voyage. Suis-je réellement obligé de continuer inlassablement de bouger et de vivre une vie de nomade ? Pourquoi ne pas s'arrêter et savourer la vie de famille, un toit, des repas sûrs et accompagnés, la chaleur des autres, la toilette à l'eau chaude, un lit confortable et des lessives sans effort ? Si l'homme est devenu sédentaire il y'a quelques centaines d'années, c'est qu'il y'a une bonne raison, non ?
Pendant que mon esprit divaguait, j'arrivais sans peine au sommet. 281 mètres au dessus du niveau de la mer, cela aurait dû m'assurer une jolie vue sur la ville. De celle que quelques jours auparavant, je contemplais en silence avec Kazuya qui, juste rentré d'une dure journée de labeur, avait besoin de se relaxer.
Mais ici, seuls les arbres m'étaient visibles. Les arbres et un pilonne électrique. Je décida alors de continuer à marcher voir s'il n'y avait pas mieux...
Je dois me confesser. Jusqu'ici, j'ai fait pas mal de bêtises au Japon. Camper en pleine ville à quelques pas du panneau d'interdiction, conduire des centaines de kilomètres sans permis valide et quelques autres, comme franchir des barrières ou chipper des fruits sur les arbres. Rien qui ne me mette réellement en danger.
Mais ce que je m'apprêtais à faire là était un peu plus risqué. Escalader un pilonne électrique. Première fois de ma vie. Mais le plaisir de savourer la vue et de se sentir vivant était plus forte. L'adrénaline a eu raison de moi.
Alors prudemment, mais sûrement, j'ai escaladé le pilonne sur une trentaine de mètre. Presque jusqu'en haut. Et je dois avouer que le plaisir était à la hauteur (!!) de mes espérances. J'y suis resté une bonne demi-heure. Impossible qu'il m'était de redescendre. Non pas paralysé par la peur, mais par le plaisir.
La nuit commençait à tomber doucement. Et les lumières à s'allumer petit à petit. Pas un bruit sur la ville. Au loin, le pont qui reliait les deux îles et que je venais de traverser. Voilà la meilleure manière de fêter ma réussite.
300 mètres.

6 commentaires:

  1. Oh, c'est pas beau, ça, d'escalader les pilonnes !

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    1. Je reconnais, mais avoue que la vue est magnifique ;-)

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  2. Merci de nous faire profiter de cette vue extraordinaire! Mais quand même, je retiens mon souffle! J'ai eu peur de mourir électrocuté! Bises de mon lit bien douillet!

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    1. Non, pas de soucis, je me suis arrete un peu avant les fils electriques !!
      C'est en regardant en bas que je me suis rendu compte que j'avais grimpe un bon morceau.
      Heureusement, je n'ai pas le vertige. Mais en tout cas, je me suis bien agrippe.

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  3. Fantastique! Ton récit est rempli d'émotions fortes et l'aventure était au rendez-vous! Mais fait tout de même attention à toi! Bises!

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    1. Ne t'inquietes pas. Je savais que c'etait dangereux, alors j'ai fait bien attention.
      J'ai ete doucement et j'ai ete prudent.
      Mais tu as l'habitude : a cote de Becky, je suis un petit joueur ! Tu sais comme moi qu'il fait 10 fois pire !!

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